Il y a des mots que l’on charge de sens comme des vieilles bourriques jusqu’à ce qu’ils deviennent incapables de ne plus rien transporter. Le travail est l’un de ces mots mâchés, ruminés au fil des crises et des interventions politiques. L’accès du plus grand nombre à un travail, n’importe lequel, est souvent présenté comme le sésame suprême vers la transcendance terrestre, et ressemble de plus en plus aux objectifs abscons mais sacralisés de certains régimes soviétiques. La crispation autour de l’Emploi nous empêche de poser un regard neuf sur le sens du travail.
A force d’exalter la valeur travail, on finit par défendre un travail sans valeur.