2 jours intenses
Visiter les espaces de coworking à Paris pour me rassurer sur mon projet était le but de ce voyage, mais comme il est plus important de croiser des cailloux que d’atteindre la mer, je ne fus pas déçu en rencontrant les hommes et les femmes qui ont créé ces espaces.
Je suis allé rendre une petite visite à nos amis coworkers parisiens pendant 2 jours. J’ai ainsi pu visiter Mutinerie, La Cantine, Anticafé et Laptop, malheureusement une erreur de rendez-vous ne m’a pas permis de voir Soleilles Cowork. Partout, j’ai reçu un accueil extrêmement sympathique et chaleureux malgré leur travail et la gestion des espaces. Maintenant, faisons un petit tour de chacun de ces espaces et des personnes qui m’ont accueilli.
Mutinerie avec Éric
Dites bien, Mutinerie et pas La Mutinerie, Éric y tient beaucoup. Mais commençons par le début. On entre à Mutinerie par une porte avec un digicode au 19, de la rue de Meaux. Aucun signe extérieur, pas d’enseigne, rien, juste une façade de magasin avec des vitres opacifiées. Je sonne, on m’ouvre et l’on m’offre un café (un des signes distinctifs du coworker) et on m’invite à attendre Éric dans un ancien fauteuil en cuir. Mutinerie, c’est cela, des meubles apportés au fur et à mesure par les membres de la communauté, cela donne un bric-à-brac qui possède une âme de pionnier et dans lequel on se sent très bien. Il le faut, Mutinerie, c’est 180 membres inscrits et une moyenne de 50 à 60 personnes dans un espace de près de 400 m2. 2 salles de réunion dont une, dans le sous-sol, aménagé comme un mini amphithéâtre, idéal pour des séances de formation ou des présentations. Éric, l’un des fondateur, avec ses deux frères et un ami, m’explique le fonctionnement de Mutinerie, la montée en puissance rapide à partir d’un petit noyau d’inscrit, la décision de créer dès le début une société à 4, les investissements pour rendre l’espace apte à recevoir du public, le loyer très élevé (on est à Paris). Mais aussi l’importance de faire des événements pour la vie de la communauté mais, aussi pour que l’espace soit connu d’autres personnes et que cela participe de manière importante au chiffre d’affaire de Mutinerie. Éric, l’évangéliste de Mutinerie s’exalte en parlant du nouveau projet dont il diffuse le concept, CoPass, un programme qui va permettre d’accueillir de manière très simple des coworkers du monde entier dans les espaces.
J’ai passé un excellent moment, dans un endroit très accueillant et qui fut très riche en enseignement.
La Cantine avec Nathanael
Pour un provincial, trouver le Passage des Panoramas n’est pas chose facile. Mais une fois que c’est fait, on se trouve dans un de ces lieux qui vous marque à vie. Ce passage est formé d’au moins 5 rues, qui se croisent. Ce sont des microvilles avec leurs miniquartiers, des zones très actives d’autres moins, voir désertes. La Cantine est dans l’une de ces rues, en perte de vitesse au moment de l’installation, redynamisée par l’afflux d’environ 50 utilisateurs par jour. Nathanael me reçoit à la table d’un petit café à 2 pas, protégé par la verrière du passage, car il pleut sur Paris. Il a un débit de parole impressionnant et m’explique la naissance du projet. Un groupe de connaissances, qui travaillent ensemble, dans des parcs, des cafés, des arrières-salles de bistrot et décide un jour de créer une association pour trouver un lieu ou s’installer plus efficacement. 4 permanents font vivre cet espace, 1 pour la gestion de l’espace, 1 pour la gestion financière et 2 pour les animations et événements. C’est ainsi que né le premier espace de coworking en France. Depuis, la communauté a bien grandi, mais a su garder l’esprit des débuts. La Cantine, c’est un espace café ouvert à tous, c’est un espace de bureau partagé, un espace lounge et une salle de réunion, le tout sur 180 m2 au rez-de-chaussée. Il y a 2 étages de 50 m2 chacun avec des bureaux privatifs. Nathanael continu à m’expliquer que pour financer La Cantine, ils sont soutenus par la Mairie, la Région et l’Europe, mais aussi par l’autofinancent, pour une bonne part ainsi que par des fonds privés. Comme à Mutinerie (et dans tous les espaces de coworking) les animations et événements sont très importants.
Nathanael m’encourage à continuer, à être tenace, à définir mon projet, vous le faire partager et à ouvrir vite un espace quitte à l’adapter ensuite.
AntiCafé avec Léonid
Un lieu de coworking très atypique. Dans la rue Quicampoix, une façade ancienne, rénovée, une vitrine fermée par une cloison en arrière-plan. La porte est ouverte, j’entre. AntiCafé se présente comme un café, mais sans alcool, pas de bar non plus, mais une longue banque sur laquelle on trouve, percolateur, assiettes de friandises, de petits légumes, tiroirs à thé et infusions. L’endroit est calme malgré la présence d’une dizaine de personnes. Une jeune femme m’accueille et m’explique le fonctionnement, ici, pas d’abonnement (imaginez vous abonner pour aller dans votre bistrot préféré !). Je prends ma carte que l’on me tends et m’installe dans un canapé, branche mon ordinateur et compose le code WiFi. Tout fonctionne parfaitement et le café et le croissant sont excellents. Léonid (il est très jeune) me rejoint et m’explique qu’il a ouvert il y a seulement 2 mois sans aucun client, il pense atteindre le seuil de rentabilité dans 2 à 3 mois seulement, il est surpris de la demande. AntiCafé, c’est 2 salariés, des heures d’ouverture très large de 9 h a 23 h (24, le week-end), une surface de 130 m2 au sol avec une cave que l’on peut louer en salle privative pour un moment ou une soirée. Environ 75 personnes peuvent être accueillis dans les différents espaces disponibles, tables hautes, canapés salon, tables de travail. AntiCafé n’est pas un lieu où l’on vient tous les jours pour travailler, c’est le lieu idéal pour, une réunion de travail informel, un rendez-vous ou une rencontre professionnelle. Léonid m’explique que son objectif n’est pas de voir les mêmes têtes tous les jours, mais de voir beaucoup de têtes venir chez lui, un cafetier quoi.
Laptop avec Pauline
On entre à Laptop par une porte cochère grâce a un digicode, heureusement, un coworker arrive en même temps que moi et m’ouvre. Les bureaux de Laptop, je rêve de trouver les mêmes à Valence, c’est beau, lumineux, industriel. Pauline, une jeune femme très stylée, m’accueille sans rendez-vous, direction la cuisine, le lieu stratégique de son espace, m’offre un café bien sûr. Il y a du monde, ce matin, c’est petit déjeuner en commun, on échange, on partage des idées, des projets, des banalités sur le temps évidemment. Pauline me parle de sa décision d’ouvrir cet espace en février 2012 après un retour de San Francisco, isolement professionnel, besoin de rencontrer d’autres personnes concernées par le design UX, partager des projets trop gros pour elle seule. Autofinancée pour la plus grande part avec un appel sur Ulule pour une partie de crowdfunding, elle est très fière de son espace même si elle rencontre des difficultés dans la gestion des rapports humains. Elle ne se sent pas l’âme d’un boss, ne voudrait pas que les utilisateurs s’en remettent à elle, qu’il soit plus autonome.
Comme Léonid, elle a été surprise par l’engouement qu’a reçu son espace à l’ouverture même si elle reconnaît que son projet est un petit peu trop spécifique et décide de l’ouvrir à un public plus large maintenant. Laptop est un petit espace, environ 100 m2 au total, mais grâce à l’aménagement et aux baies vitrées on est très à l’aise, ce qui permet d’organiser des événements pour les membres ainsi que des expositions d’artistes, ouvertes vers un public plus large. Même si elle est confrontée à quelques problèmes de voisinage pour des événements plus conséquents ou plus tard en soirée.
Après mon troisième café, je quitte Laptop plein de nouvelles informations et d’envie de faire de même avec vous à Valence.
En guise de conclusion
J’ai rencontré des gens extrêmement sympathiques, ouverts, disponibles, merci à eux.
Des lieux très différents avec des identités très fortes qui donnent le sentiment d’appartenir à quelque chose qui se construit, qui est en train de se faire et auquel on participe.
Cela m’a confirmé mon envie de continuer ce projet et même de le faire le plus vite possible pour vous donner l’opportunité de vivre ces moments de rencontre, mais aussi de travail.